Alors que l’Union européenne et l’Union africaine se préparent à se retrouver à Luanda, un message politique clair s’impose : la relation entre les deux continents n’est plus seulement diplomatique, elle est stratégique. La Présidente de la Commission européenne l’a rappelé en soulignant que le premier plan régional développé dans le cadre de la stratégie d’investissement Global Gateway est le plan Afrique–Europe, avec plus de 150 milliards d’euros dédiés aux infrastructures, aux compétences, à la transition numérique et énergétique.
Le sommet de Luanda s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Il vise à réaffirmer que l’Afrique est un partenaire central dans la construction d’un ordre international plus stable, plus équitable et plus durable. Sécurité, gouvernance, transition numérique, mobilité, investissements, développement humain : ces thématiques ne relèvent plus uniquement de la coopération, mais de la co-construction. Elles reconnaissent le rôle croissant de l’Afrique dans les équilibres mondiaux et la volonté de l’Europe d’inscrire ce partenariat dans une logique de long terme.
Le rendez-vous de Luanda marque ainsi une étape décisive : il réunit l’ambition politique européenne, qui entend structurer des alliances solides dans un monde de plus en plus fragmenté, et les attentes africaines autour d’un partenariat fondé sur la confiance, la réciprocité et l’impact territorial. Dans ce contexte géopolitique tendu, la paix apparaît n’est plus seulement un objectif diplomatique mais une condition indispensable à tout progrès durable.
Cette vision trouve un écho particulier dans le réseau des Maisons Familiales Rurales. Depuis plus de soixante ans, les MFR développent des coopérations actives avec de nombreux pays africains, en lien avec les Régions et les collectivités françaises. Cet ancrage international historique témoigne d’une conviction forte : la coopération se construit d’abord dans les territoires, entre les acteurs qui partagent des enjeux concrets, des réalités sociales proches et l’ambition commune d’offrir des perspectives aux jeunes.
Ces partenariats, portés à la fois par les équipes pédagogiques, les jeunes et les administrateurs, font aujourd’hui pleinement écho aux priorités du sommet de Luanda. Ils démontrent qu’il est possible de créer une diplomatie du quotidien, fondée sur la rencontre, la réciprocité, le partage de pratiques et la construction de projets communs. Ils montrent aussi que l’espace rural, souvent perçu comme éloigné des débats internationaux, peut être un acteur clé de la coopération UE–Afrique.
Au cœur de ces dynamiques, les jeunes jouent un rôle essentiel. Leur mobilisation récente autour de la thématique de la paix, présentée au Parlement européen au printemps dernier, souligne leur capacité à penser la paix de manière globale : une paix personnelle, relationnelle et collective. Cette approche complète utilement les grandes orientations politiques : elle rappelle que la paix se construit dans les parcours éducatifs, dans les expériences de mobilité, dans les rencontres interculturelles et dans l’engagement social. Autrement dit : dans les lieux même où les MFR interviennent.
Les orientations portées par le sommet UE–UA rappellent combien la paix durable repose sur un ensemble de facteurs complémentaires : le développement humain, la qualité de la gouvernance, la mobilité, la coopération économique, mais aussi la capacité des sociétés à renforcer le dialogue, la compréhension mutuelle et la stabilité de leurs territoires.
Les travaux menés par les jeunes ruraux dans le cadre du plaidoyer présenté à Strasbourg résonnent particulièrement avec ces ambitions. Leur approche, qui relie l’équilibre personnel, la relation à l’autre et la responsabilité envers le monde, souligne l’importance d’une paix qui se construit à plusieurs niveaux : dans les parcours individuels, dans les dynamiques collectives et dans les partenariats entre territoires. Cette vision complète utilement les objectifs politiques fixés à Luanda, en montrant que les enjeux de stabilité et de coopération trouvent aussi leurs fondements dans la formation, l’éducation et la participation active des jeunes.
En ce sens, les réflexions portées par ces jeunes rejoignent les grandes priorités du partenariat Afrique–Europe : bâtir des coopérations fondées sur la confiance, encourager les initiatives territoriales et favoriser des perspectives positives pour les générations futures. Elles rappellent qu’au-delà des décisions diplomatiques, les trajectoires éducatives et citoyennes contribuent elles aussi à la consolidation d’un espace de paix et de développement partagé entre les deux continents.

