Maïlys Papeil : la participation des jeunes au sein des institutions publiques

Doctorante à l’Université de Montpellier en Sciences Politiques, Maïlys Papeil s’investie sur les questions de démocratie participative et délibérative. Sa recherche s’intéresse à la question de la participation des jeunes au sein des institutions publiques.

Dans un contexte de désengagement politique des citoyens et de la montée des contestations, il s’agit d’étudier les nouvelles initiatives des acteurs français à inclure les jeunes dans le débat démocratique et leur réalité sur le terrain. Son travail de recherche sur la jeunesse depuis 5 ans prend en compte la montée de l’abstention, la montée des mouvements de contestation et l’accroissement des espaces de participation et de l’abandon des jeunes en cours de route.

Dans un contexte de désengagement politique des citoyens et de la montée des contestations, une remise en question du fonctionnement du système démocratique est nécessaire. Les données mettent en exergue la difficulté d’exprimer ses besoins autrement que par la contestation : il faut un traitement des problèmes plus rapide, plus concret que par le vote. Un état de l’existant des chemins possibles pour discuter avec les responsables politiques du local à l’international indique que :

  • Au niveau des territoires, seul le conseil de jeunes réservé aux citoyens de 9 à 16 ans, donc pas d’outil/espace de dialogue pour les plus de 16 ans
  • Au niveau régional, l’assemblée/forum de jeunes (16-30 ans) au sein duquel se dessine la difficulté de continuité dans le temps, couplé au CESE – Conseil Economique Social et Environnemental, un espace de consultation de la société civile avec obligation de représentation des jeunes via CNAJEP
  • Au niveau national : représentation des jeunes dans les instances (ministères, conseil de la famille) ainsi qu’au Conseil d’Orientation des Politiques de Jeunesse – COJ, avec représentants de tous les ministères, syndicats nationaux, territoires ; tous les échelons sont représentés
  • Au niveau européen :
    o CNAJEP, issu de l’éducation populaire, est le représentant phare de la jeunesse de France en Europe – via les ambassadeurs Provox – et à l’ONU
    o Forum ONU de la Jeunesse : organisé par groupe territoriaux (Europe, Afrique…)
    et les Conseils des Jeunes au niveau européen sur des thèmes du type écologie,
    droits européens, sécurité, etc.
    o Un représentant jeune siège au Conseil de Sécurité au nom des jeunes

On dénombre une multiplicité d’espaces mais peu de connaissances sur l’existence de ces réseaux et peu de liens entre eux, ce qui implique la limite d’action. Souvent les initiateurs ne connaissent pas les différents échelons des espaces participatifs/décisionnaires. Aussi, les jeunes abandonnent souvent en cours de route, des pistes pour justifier ce comportement :

  • Beaucoup de frustration
  • Ne se sentent pas écoutés ni soutenus
  • Ils font le pas vers l’institution, non réciproque
  • et souvent, les projets proposés ne collent pas aux projets institutionnels

Mais il existe des espaces où ça fonctionne bien (notamment à l’étranger) – il y a néanmoins à tenir en compte une réalité culturelle qui fait que l’espace politique/décisionnaire est soit perçu comme un partenaire ou une force opposante.

“Nous étions et sommes toujours un groupe de jeunes qui voulaient agir ensemble dans notre territoire. Nous avons créé une association – JAIM (Jeunes d’Ailleurs d’Ici et du Monde) qui nous a permis de mener des projets sur le territoire (ex : scène ouvertes) et par la suite des projets européens. Nous avons voyagé, rencontré des gens, échangé, et nous savons aujourd’hui comment monter et gérer des projets. Ce sont des compétences qui nous serviront tout au long de la vie et nous avons la fierté de l’avoir fait nous-mêmes.”

Lou - 22 ans - vice-présidente de l’association JAIM

Provox

Provox est un réseau et un projet géré par le Forum européen de la jeunesse (ou Conseil National de la Jeunesse en France), visant à encourager la participation des jeunes aux débats et aux processus décisionnels à différents niveaux : local, national et européen. Le projet fait partie intégrante du Dialogue de l’UE avec les jeunes, également appelé dialogue structuré. Les objectifs de Provox incluent :

  • Donner une voix aux jeunes pour qu’ils puissent influencer les politiques qui les concernent
  • Créer des espaces dans lesquels les jeunes peuvent échanger avec des décideurs et participer activement au développement des politiques publiques
  • Renforcer la participation des jeunes, en particulier ceux éloignés des structures traditionnelles

Les travaux des jeunes du territoire sont portés au niveau national lors du festival Provox puis cette parole est ensuite portée par des représentants français auprès des acteurs des 27 pays de l’Union Européenne par des jeunes délégués. Cette parole est transformée par le Conseil de l’Europe qui choisit ensuite des priorités et détermine un texte de recommandations de l’Union Européenne pour les pouvoirs publics dans les territoires.

L’ensemble de ce processus peut être un appui précieux pour les jeunes d’un territoire,
rural en particulier. En s’appuyant sur ces recommandations, les idées des jeunes
peuvent trouver une écoute plus attentive auprès des acteurs locaux.

Plus d'articles de l'auteur

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles sur le même sujet

spot_img

Dernières publications

Maïlys Papeil : la participation des jeunes au sein des institutions publiques

Doctorante à l’Université de Montpellier en Sciences Politiques, Maïlys Papeil s'investie sur les questions de démocratie participative et délibérative. Sa recherche s’intéresse à la...

AlimenTerre x Erasmus+ : combo gagnant en Drôme

La MFR des Baronnies organise la projection de deux films percutants parmi les9 sélectionnés par le festival AlimenTerre, en partenariat avec le cinéma «...

Enquête sur la jeunesse rurale : accès aux opportunités

Les étudiants de plus de 18 ans en formation dans le réseau MFR et les salariés MFR âgés de moins de 30 ans sont invités à participer à l'enquête pour faire résonner la voix des jeunes ruraux en formation professionnelle sur nos territoires.