Face à une France rurale trop souvent marginalisée, les MFR s’engagent pour valoriser la voix des jeunes, restaurer le dialogue territorial et construire une citoyenneté active.
L’émission de France Culture « France rurale : les dangers du ressentiment » remet sur le devant de la scène une réalité puissante : près d’un tiers des Français vivent en zone rurale, mais leur quotidien est largement invisible dans les récits dominants. Derrière les paysages bucoliques et l’imaginaire « authentique », ce sont des territoires marqués par la fermeture des services publics, la raréfaction des transports, la désertification médicale et la précarité numérique. Un quotidien sous tension, où les habitants ont le sentiment d’être les grands oubliés des décisions nationales.
Ce sentiment d’abandon alimente un ressentiment composite :
- Économique, face à des inégalités criantes d’accès aux services ou à l’emploi,
- Culturel, par une stigmatisation persistante de la ruralité (perçue comme « arriérée » ou « beauf »),
- Politique, en raison d’une représentation perçue comme faible, voire inexistante.
📉 Selon l’enquête « Paroles de campagne », seuls 10 % des habitants ruraux estiment être représentés par le gouvernement, 21 % par la presse nationale.
Le ressentiment n’est pas qu’émotionnel : il devient politique. Le repli, parfois, se transforme en vote contestataire. Pas forcément par conviction idéologique, mais par envie d’être entendu coûte que coûte. Le vote extrême, dans bien des cas, devient un cri, une forme d’exigence de reconnaissance. Ce n’est pas une adhésion systématique à des idées radicales, mais un signal d’alarme envoyé par des territoires oubliés.
L’urgence : recréer du dialogue, partout et pour tous
Ce que révèle ce paysage rural fracturé, c’est surtout un immense manque d’écoute. De réels espaces de dialogue manquent pour permettre aux habitants — et notamment aux jeunes — d’exprimer leurs besoins, leurs idées, leurs visions. Et ces dialogues ne peuvent pas être parachutés depuis Paris. Ils doivent être ancrés localement, incarnés, vivants, sincères.
En lien avec les collectivités, les institutions et les réseaux européens, les MFR agissent au quotidien pour former, mais aussi pour transformer. Elles accompagnent les jeunes dans le développement de leurs compétences professionnelles et citoyennes, en leur donnant les moyens d’agir sur leur territoire.
Un exemple marquant de cet engagement est le plaidoyer de la jeunesse rurale pour une paix durable, présenté en 2024 à Bruxelles. À travers ce texte, les jeunes ont formulé neuf recommandations ambitieuses, centrées sur des enjeux majeurs tels que l’éducation à la paix, la justice sociale et environnementale, le dialogue entre générations et territoires, ou encore l’accès à une information fiable et inclusive. Ce plaidoyer ne se résume pas à un simple document : il constitue un véritable acte de parole politique, porté avec force par une jeunesse que l’on écoute encore trop peu.
Il ne suffit pas de constater le malaise rural. Il faut l’entendre, le comprendre et surtout y répondre. Cela commence par des lieux où chacun peut s’exprimer. Cela continue par des institutions — comme les MFR — qui forment une jeunesse capable de faire entendre sa voix, sur les bancs des collectivités comme ceux du Parlement européen.
